ALICIA F! – Welcome to my F… World!

DAMNATION RECORDS
Punk Rock, Rock
ALICIA F! - Welcome to my F... World!

Ça fait des lustres qu’on l’attendait, avec l’impatience et les yeux écarquillés d’un gamin devant un sapin de Noël, avec la bave aux lèvres d’un type louche au cheveux gras, faisant le pied de grue devant les commerces interlopes de Pigalle à la Place de Clichy, ou avec l’excitation difficilement contrôlée de Sean Connery 007 devant Ursula Andress et son bikini révolutionnaire et irrésistible en cette année rock’n’twist de 1962, Chaussettes Noires et Chats Sauvages, à faire passer l’infâme Dr No pour un bonze tibétain. Je veux bien entendu parler du premier album d’Alicia Fiorucci pour l’état civil, plus connue sous son pseudo-rock acéré d’Alicia F! – Cet opus en incandescence est intitulé avec une rhétorique de bon aloi Welcome To My F… World!, ce qui veut dire, pour les non-polyglottes réfractaires à la langue de Shakespeare “Bienvenue dans mon monde!”. Vous noterez au passage mon aisance naturelle à la pratique de l’anglais, d’un niveau CM2 redoublant, avec l’accent prononcé d’un rugbyman de Gascogne! Refermons rapidement cette parenthèse narcissique. Sans me prendre pour madame Irma avec sa boule de cristal et son marc de café ou pour madame Soleil interrogeant les astres et les signes zodiacaux, je peux déjà affirmer que le premier album d’Alicia F! sera l’évènement de cet automne rock’n’rollesque hexagonal, voire de cette fin d’année. Un beau cadeau en perspective à commander dès à présent au barbu de Laponie. Cet opus de purs brûlots de punk-rock, garage-rock, blues-rock ou de rock’n’roll, impossible à étiqueter ni à compartimenter comme un vulgaire baril de lessive de supermarché (fort heureusement et totalement inespéré à l’ère du formatage tous azimuts actuel!), en raison des multiples influences d’Alicia, fait suite à son premier 45 tours My No-Generation, clin d’œil au groupe de Pete Townshend bien évidemment, qui s’est vendu comme des merguez à la fête de l’Huma, estampillées sans additif rajouté et 100 % Jean Ferrat AOC, avec engouement, curiosité et diligence. Un 45 tours sold out depuis belle lurette et devenu dorénavant collector. Pour rebondir sur l’éclectisme d’Alicia F!, Chet Weise, leader “punk” des Immortal Lee County Killers, déclarait: “le punk et le blues réagissent honnêtement à la vie. C’est notre blues. Il est juste un peu modifié et plus rapide”. Que de chemin parcouru, que de progrès vocaux réalisés, quel exemple de détermination et de courage, de la part d’Alicia F!, petite punkette rebelle venue de sa Lorraine natale s’attaquer à l’ogre sanguinaire du microcosme rock et du grandiloquent parisianisme culturel souvent sectaire et injuste. Sans faire du Zola ou donner dans le trash des bas instincts façon Jean-Marc Morandini, hémoglobine et misérabilisme assurés à faire pleurer dans les chaumières, il est incontestable que la bouillonnante et intègre Alicia, originaire de Villerupt (Meurthe-et-Moselle), a été méchamment critiquée dès ses premiers pas sur scène aux côtés de Tony Marlow. Critiquée sans fondement préalable, par des béotiens sans vergogne, qui avant-même de l’avoir écoutée, la clouaient au pilori de la disgrâce, comme au moyen-âge sur l’ancienne Place de Grève ou au sein de la mythologie grecque, ou bien la suppliciaient sur la croix de Saint-André de l’infortune, écartelée tel un gladiateur vaincu et humilié dans la Rome antique, et abandonné ainsi à son triste sort. Plus d’une gamine (terme non-péjoratif de ma part, mais plutôt affectueux en ce qui me concerne!), même punk dans l’âme et viscéralement rock’n’roll, avec un rythme cardiaque battant aux riffs de “I Wanna Be Your Dog” des Stooges, plus d’une gamine disais-je, auraient jeté l’éponge devant tant d’agressivité gratuite et de critiques démesurées et remisé ses rêves les plus chimériques au fond d’un tiroir, des rêves jetés tel un kleenex usagé dans une allée sombre et incertaine aux accents d’Amérique Latine du bois de Boulogne. Mais c’était mal connaître Alicia, véritable panthère du rock inapprivoisable, mal connaître également son authenticité et sa rage de vaincre, qui sous l’impulsion et l’œil bienveillant du regretté Marc Zermati (Skydog International) et de Tony Marlow (Docteur ès rock’n’roll diplômé d’Etat), est allée puiser au plus profond de ses cinq sens, voire même au-delà, la force de persévérer et de faire fermer des bouches. Dans sa marche en avant qui force le respect, Alicia a indubitablement eu “les couilles” pour rebondir, et elle s’avère être bien plus sévèrement burnée que la plupart de ses inlassables critiqueurs, du soi-disant sexe fort. Et aujourd’hui, après un premier 45 tours très prometteur, des dizaines de concerts explosifs d’un rock’n’roll sulfureux que l’on croyait à jamais disparu dans les abîmes d’un temps lointain et révolu, au profit d’une musique édulcorée, un tantinet javellisée et politiquement correct, Alicia F! nous revient contre vents et marées, contre la Covid-19 et toutes ses restrictions liberticides, avec un album d’une réussite totale, complètement anachronique, qui transpire la sensualité débordante et l’énergie sous-jacente, bref pour être plus explicite, j’aborderais ici la dangerosité du rock’n’roll, d’artistes qui se sont mis en danger via leurs œuvres intemporelles et légendaires, comme si leur vie en dépendait, comme dans un état d’urgence absolue: Fréhel et Piaf avant l’heure, Robert Johnson, Vince Taylor, Gene Vincent, Brian Jones, Sid Vicious, Jim Morrison, Janis Joplin, Amy Winehouse, etc… Comment brûler leur vie et leur rock par les deux bouts. Mais rassurez-vous mes amis, Alicia n’est pas entrée dans le funeste club des 27, âgée de 33 ans, elle est toujours bien vivante et déborde d’énergie communicative, comme dans une espèce d’utopie collective indescriptible! Elle aura réussi l’exploit d’aller chercher ses détracteurs ou ceux qui émettaient des réserves sur son talent ou sa sincérité, un par un, même dans des endroits les plus inhospitaliers, et à force d’abnégation, de les mettre dans sa poche. Ces mêmes individus lui picorent dorénavant dans le creux de sa main, tels des petits moineaux effarouchés et l’encensent sans aucune réserve. La vie est bien souvent synonyme d’une pièce de théâtre de boulevard, jouée par des comédiens pas toujours talentueux. Bien entendu, ne faisons pas d’angélisme déplacé, il doit rester une poignée d’irréductibles crétins des Alpes ici ou là, qui œuvrent dans l’ombre et à visage masqué, qui avant-même la sortie officielle de son album, attendent encore et toujours Alicia au coin du bois, prêts à en découdre, Kalachnikov en bandoulière, pour la jeter en pâture aux lions, dans les arènes de Lutèce fréquentées par le nec plus ultra de la jalousie maladive et de l’inculture musicale… Force est de constater que lorsqu’on ne vit pas comme le commun des mortels, lorsqu’on déroge à toutes règles unilatérales et aux diktats de l’establishment, lorsqu’on a fait du rock’n’roll un art de vivre au quotidien et sa principale raison d’être, lorsqu’on s’habille avec des fringues sexy aux antipodes de la ménagère de 50 piges, on dérange le conformiste le plus servile, à l’esprit cartésien et aux portugaises ensablées. Alicia est l’antithèse de ces gens-là. Avec son look, son physique et son côté guérillero, elle aurait pu aisément jouer dans le film “Faster, Pussycat! Kill ! Kill !” de 1965 et faire la 4ème pulpeuse créature, ou jouer dans un film de Pedro Almodovar ou dans un angoissant thriller de Stephen King…
L’album démarre tambour battant avec “Hey You!”, un rock sauvage façon “Hey! Ho! Let’s Go” des Ramones. Arrive ensuite l’unique reprise de l’album avec “Cherry Bomb”, le standard, le tube interplanétaire des Runaways composé par Joan Jett et Kim Fowley en 1976. Alicia maitrise ce titre qui lui colle à la peau à merveille. Elle est notre Joan Jett, notre Chérie Currie, notre Lita Ford des Runaways “Cherry Bomb”, corset, bottes et porte-jarretelles. Alicia est l’une des rares chanteuses contemporaines de rock à pouvoir se permettre de reprendre ce morceau sans être pathétique et sans faire chanteuse de rock aigrie sur le retour, pour kermesses patronales, concours du plus gros mangeur de boudin à Trifouilly-les-Oies et autres inaugurations de Castorama en périphérie d’agglomérations. “Freedom’s Running” est un titre à la mélodie accrocheuse et obsédante, que n’aurait pas renié une certaine Fabienne Shine aux grandes heures de Shakin’ Street “Solid As A Rock”. Au risque de me répéter (est-ce les premiers signes de la maladie d’Alzheimer?), en France, Alicia Fiorucci est la digne héritière de la sulfureuse et sublime Fabienne Shine (quant à présent, je n’en vois pas d’autres…) ou de la niçoise Christine Lidon à l’époque des Bandits. Je pourrais remonter dans la période de l’entre-deux-guerres avec Fréhel, la première punk ou blues-woman des faubourgs et des zincs de Paris, de Pigalle à Ménilmontant. Jacques Higelin ou Serge Gainsbourg, entre autres, se sont toujours réclamés de son influence. Puis remonter dans les sixties et faire le parallèle avec Jacqueline Taïeb “7 heures du matin” ou avec Magali Noël chantant Vian “Fais-moi mal Johnny”, ou encore dans les seventies avec Esther Galil… Même rage épidermique, même authenticité, même droiture, même ADN, on retrouve toutes ces vertus chez Alicia F!
“The City Of Broken Dreams” est une ballade romantique et poétique du meilleur effet et qui fait mouche. A noter des harmonies vocales exceptionnelles dans la lignée des mythiques Rockin’ Rebels et de Jean-Marc Tomi. Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… “Monthly Visitors” me fait un peu penser à du Little Bob Story pur jus, période “Livin In The Fast Lane” de 1977. Même vitalité physique, même symétrie sensorielle que chez le havrais. Pour moi, Alicia est le pendant féminin de Little Bob! C’est une chanson qui aborde le sujet existentiel, voire tabou, des menstruations cycliques chez la femme. Ainsi que bien d’autres pépites à découvrir et qui agrémentent l’album, que je ne peux malheureusement citer ici, sinon ma chronique va très vite ressembler à l’Almanach Vermot quant à son épaisseur diamétralement opposée au string de Nabilla ou du solde homéopathique de mon compte bancaire! Mais sachez que des riffs ciselés rockab’ à la Cliff Gallup ou Scotty Moore enflamment également cet opus. Tony Marlow ne renie pas son passé de Rebels gominé. Ainsi que d’autres titres sonnant Iggy Pop et The Stooges, et une seconde ballade intitulée “Aileen” qui ne déplaira pas aux aficionados de Scorpions ou d’Aerosmith, avec la guitare plaintive et expressive de Tony qui monte en puissance au fil du titre. Du grand art! Au total, 12 titres stratosphériques, dont 11 titres de la création intuitive et féconde des Bonnie and Clyde du rock’n’roll, du couple le plus glamour de Montreuil: Alicia pour les textes et Tony pour les compositions. Et pour conclure, cerise sur le gâteau et bonjour la nostalgie émotionnelle, avec un superbe hommage à l’incontournable Marc Zermati, hélas décédé le 13 juin 2020, boss de l’Open Market de la rue des Lombards, du label underground Skydog International, fastueux dandy, grand précurseur et figure de proue du punk-rock en France et de la contreculture parisienne. “Skydog Forever”, un titre sublissime à écouter religieusement, avec un texte formidable et une superbe mélodie et des ponts à la guitare, clin d’œil au maître Chuck “Carol” Berry.
Avec cet album incroyable et inespéré par ces temps moroses qui perdurent, Alicia va sans conteste atteindre sa cible et vous terrasser en plein cœur, telle la flèche de Cupidon. La voix d’Alicia y est agressive et survoltée à souhait, les guitares de Tony Marlow incisives et tranchantes. Quant à la rythmique exceptionnelle composée de Frédo Lherm (basse) et de Fred Kolinski (batterie), métronomique et aussi précise qu’une horlogerie Suisse, elle assure le tempo sans bémol. Il faut citer aussi l’énorme boulot à la réalisation de Seb Le Bison, Philippe Béranger pour les photos et Eric Martin (Artwork). Bravo à tous pour l’osmose et le collectif au service de la chanteuse. Je ne peux m’empêcher d’avoir un profond respect et de l’affection pour Alicia, restant de marbre aux éventuelles mises à l’index et autres préjugés imposés par le système nauséabond, elle distille son rock’n’roll sans se soucier de tous ces paramètres toxiques. Comme quoi, pour épouser la rock attitude chez une femme, il ne suffit pas de porter des t-shirts à l’effigie de Jimmy Page ou du fameux logo “Big Red Mouth” des Stones, d’être invitée pour sa promo et en grandes pompes chez Delahousse ou chez Anne-Elisabeth Lemoine, devant Patrick Cohen et Pierre Lescure en transe chamanique, de gratouiller difficilement une pauvre guitare qui n’a rien demandé, de chanter des niaiseries d’une voix fluette et inaudible (même sous sa douche) et d’être mariée à un ancien Président de la République à Rolex et talonnettes. Quoi? Non, je ne citerais personne! Alicia, quant-à-elle, ne triche pas et n’est pas une marionnette pâlichonne et sans âme encensée par les médias, aussi sensibles à la musique qu’un intransigeant inspecteur de la Direction Générale des Finances Publiques. Entrez sans hésitation dans son univers musical et cérébral si singulier et si énigmatique, entre ange et démon, entre blasphème et anathème, entre Alice Cooper et The Prince Of Darkness Ozzy Osbourne de Black Sabbath, entre un melting-pot allant d’Eddie Cochran à Sid Vicious en passant par les Stones période Brian Jones, sans oublier les Ramones, les Cramps… Pour moi, une fois de plus, Alicia F! représente tout le côté sauvage et blasphématoire du rock’n’roll, sans aucun calcul, sans aucune préméditation vénale. Elle est l’antithèse d’une chanteuse préfabriquée et formatée FM. Ce petit bout de femme de 40 kilos transpire le rock’n’roll, c’est indéniable! Il faut la voir mettre le feu sur scène, entre sex-appeal sous-jacent et tenues Catanzaro, icône vénérée de la culture BDSM et fétichiste, que ne renierait pas le Marquis de Sade en personne. Et pour paraphraser Sardou, une fois n’est pas coutume, le premier opus d’Alicia F! intitulé Welcome To My F… World! est à faire pâlir tous les Marquis de Sade, à faire rougir les putains de la rade, à faire crier grâce à tous les échos, à faire trembler les murs de Jéricho… Tout est dit, ou presque… Les philistins qui l’ont injustement critiquée devraient avoir honte et en guise de repentance, descendre en file indienne les Champs-Elysées à une heure de grande affluence, en fermant leur bouche et en rasant les murs, avec pour tout vêtement leur slip sur la tête et l’album d’Alicia F! bien en évidence à la main, un peu comme des hommes-sandwichs contraints et forcés! Tony et Alicia sont les nouveaux Ike and Tina Turner dans une version plus punk-rock, dans une démarche plus destroy, et dans une posture plus artisanale et plus underground! Merci à eux d’exister! Mine de rien et sans crier gare, c’est le second album de l’année 2021 que Tony concocte avec succès, après celui de Marlow Rider gorgé de vapeurs mauves. Chapeau bas l’artiste! Bien entendu, c’est une lapalissade de ma part, mais cet opus est chaudement recommandé. INDISPENSABLE! Mais avant d’écouter l’album sorti tout droit des flammes de l’enfer à faire fondre l’asphalte de la Croix de Chavaux jusqu’à Oberkampf, il est recommandé de revêtir une tenue en amiante, de se munir d’un extincteur d’incendie et de mettre la caserne de pompiers la plus proche de votre domicile en préalerte! A moins d’être “ami” sur Facebook avec Belzébuth, de dialoguer sur Snapchat avec Lucifer ou d’avoir le 06 de Satan? L’excellent et diabolique album d’Alicia F! au sein duquel elle donne la meilleure définition du groove et du feeling, est en vente en CD ou en édition vinyle rouge, à Paris chez Rock Paradise, Born Bad Record Shop et Gibert Joseph St Michel, trois adresses bien connues des teenagers et des anciens combattants, au twist rhumatisant qui commence tranquillement mais sûrement à devenir difficile (dont je fais partie!), ou par Internet, ICI
Ah oui, damned, j’allais oublier! Le mardi 2 novembre 2021 à 20h00, Alicia F! sera en concert exceptionnel à La Dame de Canton, Port de la Gare, 75013 Paris, pour fêter la sortie de son premier album et pour fêter son anniversaire, avec K’ptain Kidd en 1ère partie, le tonitruant concept de Tony Marlow trio en hommage à Johnny Kidd & The Pirates. Un gig à ne louper sous aucun prétexte! Billetterie en ligne ICI
Keep on rockin’ et bienvenue dans son monde!

Serge SCIBOZ
Paris-Move

PARIS-MOVE, October 28th 2021